Quand la Chine ne s’éveille pas

Publié le par Julien MARTIN pour Journal E

La réussite économique caractéristique de la Chine ne se vérifie pas partout. Chinagora, grand complexe commercial chinois à Alfortville (Val-de-Marne), peine à rencontrer le succès, depuis plus de dix ans déjà.

 

Au confluent de la Seine et de la Marne, trône le plus grand magasin chinois d’Europe : Chinagora. Cinq bâtiments mitoyens imitent au plus près l’architecture manchoue. Mais ils sont loin d’être des symboles du boom économique du pays du soleil levant. Il règne une atmosphère de décor abandonné d’un vieux film de kung-fu. A un kilomètre de la première station de métro et du centre d’Alfortville, les terrains vagues en bordure paraissent moins déserts que le magasin lui-même. Depuis 1994, date d’inauguration de l’espace, Chinagora semble inexorablement planté là par erreur.

L’Etat chinois, propriétaire des lieux par le biais de l’entreprise Guang Dong (GD), avait pourtant estimé idéal cet emplacement pour créer un pont à la fois commercial et culturel entre la Chine et la France. Implanté à Alfortville sous l’impulsion du toujours député-maire René Rouquet, le complexe avait été inauguré en grande pompe, courant 1993, en présence de l’ambassadeur de Chine en France et du ministre du Commerce extérieur d’alors, Gérard Longuet. Les espoirs de création d’un Chinatown parisien furent cependant rapidement déçus. La liaison avec le quartier chinois du XIIIe arrondissement ne prit jamais. Pis, Chinagora manqua de mettre la clé sous la porte en 1998.

 

Boutiques vides ou fermées

 

Plusieurs années de recherche d’investisseurs plus tard, une société de jeunes entrepreneurs Chinois installés en France depuis plus de vingt ans se manifestait. En 2003, Nouveau Monde prenait les rênes de la gestion de Chinagora, laissant la propriété des bâtiments à GD. « L’Etat chinois ne connaissait rien à l’époque au commerce hexagonal, explique Guanron Wu, dirigeant de Nouveau Monde. Des gens qui ne parlaient même pas français ne pouvaient réussir à la tête de Chinagora. Nous, depuis 2003, on arrive à faire des bénéfices. Les trois restaurants, l’hôtel, le supermarché et les cinquante boutiques fonctionnent à 90 % de leurs capacités ».

Des chiffres nuancés par Sandrine Soyer, directrice adjointe des 187 chambres du Chinagora Hôtel : « Comme les restaurants, l’hôtel a toujours très bien fonctionné. En revanche, les investissements sont encore largement insuffisants pour entretenir les 55 000 m2 de locaux et particulièrement faire enfin démarrer la galerie marchande ». Effectivement, un gros tiers des boutiques sont tout simplement vides et lorsque ce n’est pas le cas, elles sont généralement fermées. On peut tout de même apercevoir à travers la vitrine quelque étagères où se mêlent micro-ondes et chaussures. Hormis des vases à longueur de couloirs, rien à vendre, ou presque.

L’essor économique chinois ne se vérifie donc pas partout. « Pas encore », rétorque Guanron Wu. Le nouvel an tombe à pic pour chasser les mauvais esprits au confluent de la Seine et de la Marne.

 

Publié dans Economie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
<br /> I have been visiting various blogs for my dissertation research. I have found your blog to be quite useful. Keep updating your blog with valuable information... Regards<br /> <br /> <br />
Répondre
P
Excellent papier et je m'y connais. Tu devrais essayer de trouver un support-papier pour le publier (moyennant rémunération). Sinon, ton site est d'excellente facture, bonne blog-aventure. Et viens me voir sur http://www.universmedias.com<br /> Tcho !
Répondre
L
Quel bon article, quel bon site web ! On en redemande ! Ca mérite une belle pub ...
Répondre