La Russie ambitionne de monter au capital d'EADS

Publié le par Julien MARTIN avec AFP et Reuters

Nouvel actionnaire du géant de l'aéronautique EADS, la Russie a annoncé mardi qu'elle cherchait à obtenir une minorité de blocage dans le consortium européen. Et devrait faire son entrée au conseil d'administration du groupe.

 

La Russie a affiché, mardi 12 septembre, sa volonté de devenir un actionnaire stratégique du groupe européen aéronautique et de défense EADS. « Si nous constatons un intérêt économique conjoint, alors nous insisterons pour avoir une participation grâce à laquelle nous aurions au moins une minorité de blocage », a déclaré Sergueï Prikhodko, conseiller du président Vladimir Poutine. La prise de participation de la banque publique russe Vnechtorgbank dans EADS, à hauteur de 5,02 %, avait enfin été officialisée lundi par le groupe européen.

Une entrée de la Russie au conseil d'administration d'EADS devrait faire l'objet d'un accord politique, selon le quotidien économique russe Vedomosti, qui précise que le président russe, Vladimir Poutine, sera à Paris les 22 et 23 septembre pour des consultations avec le président français, Jacques Chirac, et la chancelière allemande, Angela Merkel.

Une telle entrée supposerait une révision du pacte d'actionnaires. Ce pacte, élaboré en 2000 lors de la naissance du groupe, fixe les rapports de forces entre les principaux actionnaires : les Allemands sont représentés par le groupe industriel DaimlerChrysler (22,32 %), les Français par le biais du holding Sogeade (15 %), représentant l'Etat français, et du groupe Lagardère, dont la participation de 15 % va descendre à 7,5 % en 2007. L'Espagne, via le holding SEPI, détient également 5,5 % d'EADS.

 

Espoir de débouchés

 

Seule certitude, pour l'heure, la Bourse accueille favorablement cette nouvelle. A Paris, l'action EADS a grimpé mardi de 5,43 %, à 23,68 euros, dans un marché en hausse de 1,34 %. Déjà, le titre s'était apprécié de 3,32 % le 29 août, après l'annonce du rachat de 5 % des parts du groupe européen par la banque publique russe.

La Vnechtorgbank apparaît comme l'instrument du Kremlin dans la prise de contrôle des secteurs stratégiques de l'économie voulue par Vladimir Poutine. Moscou « recherche une intégration avec l'aéronautique occidentale afin d'avoir accès aux technologies » qui manquent à son industrie vieillissante, observe Dmitri Skvortsov, analyste de la banque russe MDM.

La Russie, elle, représente un espoir de débouchés importants pour EADS. Le pays « a besoin de centaines d'avions, souligne Pavel Felgenhauer, analyste spécialisé. Il y aura très bientôt une foire d'empoigne pour de gros achats d'avions sur le marché russe. » Le conseil d'administration de la compagnie aérienne russe Aeroflot pourrait d'ailleurs décider cette semaine de commander 22 avions pour quelque 3 milliards de dollars.

 

Publié dans Archives Le Monde.fr

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