Mittal Steel s’offre une opération séduction

Publié le par Julien MARTIN pour Journal E

La bataille de l’acier entre Mittal Steel et Arcelor, respectivement numéros un et deux du secteur, est passée hier par Paris. Le PDG indien, Lakshmi Mittal, a croisé le fer avec son arme de prédilection : le charme.

 

Venu pour convaincre les Français du bien fondé d'un rachat d’Arcelor par Mittal Steel, Lakshmi Mittal a manqué son premier objectif : plaire au ministre de l’Economie. Les déclarations de Thierry Breton, une fois le rendez-vous achevé, en témoignent : « Il n’y a aujourd’hui aucun projet industriel sur la table. » Apparemment peu affecté, car n’espérant sans doute pas davantage des autorités françaises, le dirigeant indien est passé à l’étape suivante : une conférence de presse au pavillon Gabriel (VIIIe arrondissement) devant presque tous les représentants de la presse française et étrangère que compte la capitale.

La partie est alors devenue autrement plus importante car ce n’est pas le gouvernement français qui peut empêcher le PDG de Mittal Steel d’arriver à ses fins, mais un refus des actionnaires d’Arcelor de lui céder leurs actions. Il pouvait bien annoncer qu’il était venu à Paris parce que « c’est en France qu’Arcelor emploie le plus de personnes », les analystes, comme Nicolas Montel de Richelieu Finances, relevaient que « le but était de séduire les actionnaires. »

Et quand il s’agit de séduire, c’est toute la famille Lakshmi qui s’y colle. En l’occurrence, le père, Lakshmi, président-directeur général, et le fils, Aditaya, directeur financier. Générer plus de trente milliards d’euros de recettes par an n’empêche pas Mittal Steel d’être une affaire de famille. Il en est ainsi pour la gestion de l’entreprise comme pour la communication.

 

Un numéro de duettistes

 

L’exposé des « intérêts stratégiques » de la fusion entre Mittal Steel et Arcelor a rapidement tourné à l’opération séduction. Deux clones tirés à quatre épingles au charme indéniable, que distinguent toutefois quelques rides et kilos supplémentaires pour l’aîné, sont venus démontrer qu’en lieu et place de l’image d’ogres qui a été dessinée d’eux se substitue celle d’une famille qui s’occupera aussi bien que possible des richesses qui pourront lui être confiées.

A Lakshmi d’abord de jouer sur la fibre paternelle. Il introduit et conclut le discours passant rapidement sur les aspects techniques pour marteler qu’il n’achetait pas des usines « pour les fermer ». Rassurant. Aditya, lui, est tout sourire. Pas de chiffres soporifiques, juste des formules de style et de politesse, dont certaines en français dans le texte. Arrive alors le temps des questions des journalistes et analystes. L’occasion de jouer un numéro de duettistes bien rôdé, chacun complétant les dires de l’autre. Le spectacle valait bien une photo. De famille bien sûr.

Une photo qui pourrait cependant comporter une zone d’ombre. Lakshmi Mittal a déclaré qu’il n’avait « pas l’intention de modifier [son] offre », la jugeant « attractive ». Or, en proposant vendredi de racheter les actions Arcelor à 28,21 euros l’unité, le PDG indien se retrouve désormais avec une offre inférieure au cours actuel du titre, qui a clôturé hier soir à 29,75 euros. Chef économiste de Natexis Banques Populaires, Marc Touati en est convaincu : « Il devra mettre la barre plus haut. »

 

Publié dans Economie

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article