Sept CRS renvoyés aux assises pour viols

Publié le par Julien MARTIN avec AFP et Reuters

Trois policiers d’une compagnie de la région parisienne comparaîtront pour viols de prostituées et quatre autres pour complicité. Une victime présumée a été retrouvée et s'est constituée partie civile.

 

Sept CRS sont accusés d’avoir violé des prostituées en avril 2003. Une source judiciaire a révélé mardi 12 septembre que le juge d'instruction Marc Sommerer avait signé le 16 mai 2006 l'ordonnance de renvoi de trois policiers pour « viols aggravés en réunion par une personne abusant de l'autorité conférée par ses fonctions » et de quatre autres pour complicité.

Ces policiers appartiennent à la compagnie de Deuil-la-Barre (Val-d'Oise), la même que celle des dix CRS placés en garde à vue lundi dans le cadre d'une enquête sur des rackets présumés dont auraient été victimes des chauffeurs de taxi parisiens.

Les sept accusés ont été laissés libres sous contrôle judiciaire, après une période de détention provisoire. La date du procès, à l'issue duquel ils sont passibles de vingt ans de réclusion criminelle, n'est pas encore fixée. Les viols avaient été portés à la connaissance de l'inspection générale des services (IGS, la police des polices) par des associations d'aide aux prostituées. L'enquête a établi que les policiers étaient en uniforme et avaient utilisé leur voiture de service pour avoir des relations sexuelles avec plusieurs prostituées, sur les boulevards extérieurs de Paris.

 

« Pratiques répandues »

 

Au moins quatre des victimes présumées ont disparu après les faits par peur des policiers et sont toujours recherchées. Mais une Albanaise de 26 ans a été retrouvée et s'est constituée partie civile. Selon les dires de la jeune femme, le 8 avril 2003, vers 22 heures, une voiture de police sérigraphiée s'arrête à la hauteur d'une prostituée sur le boulevard Ney (Paris 18e). Prétextant un contrôle, deux policiers en uniforme munis de leur arme de service embarquent la jeune femme pour, disent-ils, la conduire au commissariat. Mais le véhicule, dans lequel flotte une forte odeur d'alcool, emprunte l'autoroute A1 jusqu'à un terrain isolé de La Plaine-Saint-Denis, où les policiers la contraignent à des relations sexuelles, en échange de quoi ils lui promettent de lui rendre ses papiers. Vers 3 heures du matin, les deux hommes accompagnés d'un autre collègue agissent de la même façon avec deux autres prostituées.

Les trois policiers ont reconnu avoir eu des relations sexuelles avec des prostituées. D'après l'IGS, ils ont expliqué avoir obtenu la gratuité des prestations par des pressions morales directes ou par l'utilisation en toute connaissance de cause des attributs de leurs fonctions. L'IGS estimait déjà dans un rapport publié en 2003 qu'« il apparaît de manière dramatique que les faits ne sont pas isolés et exclusivement dus à une consommation d'alcool, mais font partie de pratiques répandues auprès de plusieurs membres de la section » de CRS.

 

Publié dans Archives Le Monde.fr

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