« Libération » interpelle actionnaires et lecteurs
Le quotidien publie jeudi un texte qui explique « une situation interne inédite et une crise financière sans précédent » et avance des pistes pour y remédier.
Dans une double page, parue dans l'édition du jeudi 14 septembre, les personnels de Libération lancent un appel pour tourner « une page difficile dans l'histoire de Libération », demandant à leurs actionnaires une plus grande implication et invitant leurs lecteurs à se mobiliser pour le titre.
Ce texte, signé par la direction de la rédaction, les élus de la Société civile des personnels de Libération et les élus de la Société des rédacteurs, intervient à quelques semaines de l'échéance de trois mois fixée pour la cogérance entre le journaliste Vittorio de Filippis et Phillipe Clerget, proche de l'actionnaire majoritaire Edouard de Rothschild, respectivement nommés PDG et directeur général, par le conseil d'administration du 29 juin 2006.
Les signataires entendent d'abord réaffirmer leur indépendance : « Ni Edouard de Rothschild (...) ni Vittorio de Filippis (...) n'ont cherché à influencer le travail de la rédaction. A chaque étape, le maître mot est l'autonomie. » Les « désaccords internes » consécutifs au départ de Serge July « n'ont pas changé la façon dont, chaque jour, le journal est réalisé ».
Création d'une société de lecteurs
Les personnels du journal reconnaissent, en revanche, la « nécessité d'assainir les comptes, de remettre à plat le fonctionnement de l'entreprise Libération, mais aussi et surtout d'investir », parce que le « travail journalistique en profondeur nécessite des moyens importants ». C'est pourquoi ils appellent les actionnaires du quotidien à prendre leurs responsabilités, notamment « Edouard de Rothschild [qui] doit aussi prendre les siennes, pour assurer aussi la pérennité du titre ».
Les « lecteurs et amis de Libération » sont également sollicités : « Nous avons besoin de vous. » Pour qu'ils puissent s'exprimer, une société des lecteurs va être créée. Son rôle sera défini dans « les semaines à venir ». La rapidité est de mise car, concluent les signataires, « aujourd'hui, il nous reste peu de temps et peu de moyens ».