Villepin trois pieds sous terre

Publié le par Julien MARTIN

Dominique en rêvait, Jacques l’a fait. Le président de la République a promulgué vendredi le Contrat première embauche (CPE). Pourtant, le rêve pourrait se transformer en cauchemar pour le Premier ministre. Devant la vague de contestation née il y a presque deux mois, le chef de l’Etat a décidé de ne plus rester pieds et poings liés face à celui qu’il a installé à Matignon en juin dernier. Le CPE sera certes effectif, mais vidé de sa substance : la période d’essai est réduite à un an et les licenciements devront être motivés.

En fait de sauver la face de Villepin, il l’a triplement disqualifié pour la prochaine présidentielle. La gauche est plus que jamais réunie, en témoigne la déclaration commune de ses onzes leaders de parti demandant « solennellement le retrait du CPE ». Sarkozy profite aussi de l’aubaine pour désavouer un peu plus encore son chef de gouvernement et interprêter la décision de Chirac comme une « suspension » du CPE « en l'attente d'un nouveau texte législatif ». Pis, les syndicats se disent prêts à « l’épreuve de force » que constitue à leurs yeux cette promulgation qui les « consterne » et qu’ils considèrent comme une « provocation ».

Une déclaration en forme de désaveu pour Villepin qui n'épargne cependant pas le chef de l’Etat lui-même, tant elle se révèle alambiquée. Le CPE existe, mais aucun contrat ne pourra être signé avant que les modifications soient votées. « C’est la première fois dans l’histoire, selon Bayrou, qu'on promulgue une loi en demandant qu'elle ne soit pas appliquée. Pour éviter la crise, on a pris le risque du ridicule. » A moins que l’on ait les deux.

 

Publié dans Edito

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